lundi 11 décembre 2017

11.12.2017 : atelier ScVal à l'Espace Mendès France à Poitiers !


Un atelier ScVal est organisé ce jour, le 11 décembre 2017, à l'EMF Poitiers, en partenariat avec l'Espace Mendès France - centre de culture scientifique et techniques industrielles, l'IFREE - Institut de Formation et de Recherche en Éducation à l'Environnement et PRIMA TERRA - écosystème pour la coopération.

1ère étape de la journée, nous démarrons par un accueil convivial.

2ème étape, Christian Reynaud, chercheur référent, présente le projet "ScVal", à savoir l'objectif revenant à rechercher les valeurs qui peuvent permettre de pérenniser ou remettre en cause la participation, dans un cadre citoyen ou scientifique.

3ème étape, lancement de l'atelier, à travers la proposition auprès de chaque participant d'exprimer, sur post-it, "ce qui vous a attiré à venir à cet atelier" et "à quelle.s condition.s repartirez-vous satisfait.e de cet atelier ?".



4ème étape, Christian organise et place les idées exprimées sur les post-it selon le modèle de Favre (2008), en trois groupes :
  • "il est important que je vienne"
  • "je suis obligé de venir"
  • "j'ai besoin de venir"
















5ème étape, une répartition des participants en sous-groupes de travail est proposé, selon le souhait/intérêt de chacun.

6ème étape, les sous-groupes s'auto-organisent et amorcent les échanges sur les éléments structurants de leurs expériences vécues. L'objectif est réaliser des courtes séquences vidéos (2 minutes maximum) présentant les éléments essentiels à leurs yeux. Voici quelques conversations relevées à la volée :
"Qu'entend-on par collaboration, sciences éducatives, sciences participatives, participation éducative ?"
"Quel doit-être mon niveau d'expression dans ce groupe : professionnel de la participation, contributeur momentané à la science, habitant citoyen ?"
"Consultation, concertation, participation, implication ... ?"
"Partager des enjeux liés à l'eau et sa gestion intégrée du territoire : nous avons organisé un dispositif de consultation associant trois grands types d'acteurs autour de la gouvernance territoriale (décideurs, habitants citoyens, animateurs) dans des temps collectifs dissociés entre pairs, de trois demies journées. Puis un temps de rencontre commun a été organisé, permettant de partager ses questions, ses réflexions, ses contributions puis d'arriver à converger les contributions en les enrichissant par chacun. Nous, animateurs, avons construit la proposition et l'avons proposé au collectif pour le compléter, l'amender.
Les règles du jeu étaient claires et données dès le début : bienveillance, recherche de contribution collective, partage libre selon la volonté de chacun, une proposition vaut autant qu'une autre, sans poids supérieur par une typologie d'acteurs, propositions partageables au plus grand nombre, sans recherche de consensus ni compromis.
Le rendu fut unique : tous les profils ont été mobilisés, ils ont tous contribué puis ont fait converger en une unique production, croisant les résultants. Une suite est assurée, sous la forme d'un comité des acteurs territoriaux à visée consultative.
Au final, cela initie un groupe de citoyens. Les mobiliser entre pairs les a rassuré, permettant d'asseoir leur point de vue, plus armés pour aller vers les autres, partager, même si une inquiétude restait de se confronter aux autres groupes, à leurs points de vue. Un élément déterminant était le climat d'écoute, sans volonté d'injonction. Tous ont gardé un bon souvenir. Chacun a appris des choses, dans un cadre propice à l'intelligence collective."
"Je me questionne toujours sur la dimension de "citoyen", cité dans ton projet. Qui met-on dans ce groupe de citoyens ? Est-ce que le citoyen est si banal, ordinaire que ça dans les groupes qui fonctionnent ? Est-ce que le groupe est représentatif  lorsqu'il est initié par des interrelations qui précèdent l'installation du collectif ?"
 "Les sciences participatives permettent de mobiliser des outils différents, d'amorcer des dynamiques collectives, de comprendre les intérêts variés d'implication de "citoyens" ... Ce qui intéressant est de comprendre comment mobiliser ceux qui ne viennent pas."
"Ce que l'on ne sait gérer, c'est le temps du projet, c'est la fin de celui-ci. Comment s'arrête la démarche participative ? Comment cela se termine ? L'animateur ne peut pas se contenter de faire plaisir, d'organiser la contribution momentanée, il doit conclure, accompagner le partage des suites de la contribution."
"Certains sujets peuvent mobiliser très largement, impliquer des structures et des individus aux intérêts très personnels, dont les enjeux sociétaux sont secondaires."
"Est-ce que l'on peut jumeler les témoignages des participants ? Je suis perdu par le format libre de l'atelier."
"Comment faire un témoignage vidéo qui n'inquiète pas les partenaires du dit projet ?"
 "Le tarif de 60 euros la journée pour se former aux premiers secours n'est pas simple pour impliquer, mobiliser, faire participer les gens."
"On espère souvent que ce soit l'Autre qui fasse à notre place, pour de bonnes ou de mauvaises raisons."
"Le souci premier est l'organisation de formation aux premiers secours qui n'attire pas assez de personnes. C'est pourtant une nécessité pour les personnes et la société de façon générale."
"Les personnes passent du temps dans les temps participatifs que nous organisons. Ils nous semblent importants qu'ils puissent repartir avec le résultat de leurs contributions et leurs servent, que cela ne soient pas uniquement au service de notre organisation ou de nos commanditaires."




>>> Retrouvez toutes les vidéos de l'atelier ScVal à Poitiers ICI !

7ème étape,  Christian présente l'objectif de l'après-midi, à savoir la formulation de principes permettant de participer de l'élaboration d'une "charte participative de la participation".

Pour cela, nous allons imaginer ou nous appuyer sur une expérience citoyenne à  participative. 

Dans ce cadre, l'idée est de se poser la question "de l'effort (au sens d'élément important sur lequel je vais y mettre de l'énergie) de ce que je devrais faire pour garantir la participation". 
Une première colonne, intitulée "énergie", est positionnée. Les participants doivent énoncer et placer leurs idées et les expliquer. Ensuite, chacun positionne son post-it au regard des autres propositions. 5 familles ressortent :
  • l'ingénierie / conditions environnementales
  • être un bon communicant
  • penser qu'il y a des gens et qu'il faut en tenir compte
  • faire collectif
  • penser aux finalités
Une deuxième colonne est proposée, elle se dénomme "sabotage". Il s'agit de réfléchir et proposer les moyens pour "rater l'implication, provoquer des freins, saboter".
Plusieurs familles sont représentées :
  • environnement désagréable, rendre inaccessible (lieu, vocabulaire...)
  • faire de l'ingénierie le cadre unique (le tunnel est calé et ne s'adaptera pas)
  • l'art de la polémique (rendre les débats en agressivité)
  • "être hors sujet" (sur le sujet traité, la personne)
  • laisser longuement la parole à l'expert ou l'élu
  • "donner de l'argent", payer les gens (rémunérer, récompense...) 
  • ne pas fournir de retour aux participants (absence d'accessibilité et de partage des résultats produits).
Une troisième colonne est ensuite installée, les intérêts à saboter l'action participative.
En somme, il revient d'exprimer maintenant les raisons de freiner, bloquer la participation.
  • acheter l'opinion
  • ne pas permettre le changement
  • exprimer un désaccord pour stopper tout accord, modification de mon environnement
  • provoquer pour faire réagir
  • éviter la guerre entre services, économiser son énergie, faire des concessions
  • manque d'intérêt pour ne pas perdre son temps
  • empêcher de s'emparer d'un sujet
  • renforcer la soumission à celui qui sait
  • apporter la solution miracle, à dimension idéologique ou économique
  • garder le bénéfice pour soi.
Enfin, une dernière colonne est proposée, il s'agit des valeurs qui se rapportent aux lignes d'idées. Voici les éléments :
  • Famille 1 : 
    • égoïste capitaliste : je créé, j'orchestre et je garde
    •  expertise, maîtrise : prendre et garder le pouvoir, être égo-centré
  • Famille 2 : 
    • conformisme, autorité, loyauté : renforcer la soumission à celui qui sait
    • standardisation, normalisation, réglementation : la Loi dicte, nous nous conformons
    • élitisme : seuls certains savent et peuvent décider
    • déontologie : respect d'une organisation, valeur du champ professionnel
    • morale : valeur du champ social ou religieux
  • Famille 3 : 
    • utilitaire, fonctionnel : il faut que cela soit utile
  • Famille 4 :
    • procrastination : nous ne nous pouvons/voulons changer
  • Famille 5 : 
    • ambition, manipulation, efficacité : obtenir, arriver à ce que je veux/peux
    • avoir raison : (dé)montrer notre vérité
8ème étape, les sous-groupes se reforment afin de réfléchir aux "efforts qu'il faudrait mettre en œuvre pour éviter les sabotages tout en répondant aux valeurs du saboteur qui participent, afin qu'ils puissent lui-même tirer un bénéfice", ce que l'on peut nommer les principes.

Le but, pour chaque groupe, est de déterminer des principes essentiels, selon les participants, pour équilibrer d'un côté, l'objectif de participation et de l'autre, la réponse satisfaisante aux valeurs individuelles des "saboteurs".
  • "Partager l'idée que chacun possède un pouvoir d'agir et lui permettre de l'exercer, d'occuper un rôle et une place en mesure de faire avancer la réussite collective".
  • "Libre-expression : être en mesure d'exprimer une idée et l'argumenter dans le cadre d'un objectif partagé".
  • "Transparence : être clair (explicite ?) sur l'objectif, sur ce qu'on attend des participants, la durée, les règles du jeu (-> l'assiduité)".
  • "Garantir les conditions : 
    • d'une information préalable sur le sujet pour les participants et d'une communication partagée dès le début du processus participatif et tout au long de son déroulé.
    • garantir dans le processus de partages d'informations que soient reconnues les différentes contributions et que soient valorisées les contributions de chacun."
  • "Définir en amont de la démarche participative, par contrats, les engagements réciproques des organisations et des participations
    • définition de la responsabilité de chacun
    • transmission des travaux aux participants."
  • "Garantir la part des organisateurs, l'efficacité de la démarche en prenant en compte, au final, les travaux des participants. Garantir la transparence sur la prise en compte des travaux"
Enfin, pour conclure, une évaluation des principes par chacun.e est proposée. Pour cela, trois post-it sont donnés, possédant trois couleurs et représentant trois qualifications différentes, chaque participant pouvant voter, ou non, jusqu'à trois points à raison d'un point maximum par principe.
Vert : un principe intéressant mais ...
Jaune : un principe intéressant qui pourrait être mis dans une charte
Rose : un principe vital, à mettre de façon obligatoire dans toutes les chartes !
Voici les résultats illustrés, ayant généré des réactions importantes pour l'aboutissement de l'atelier comme
"Entre les mots que l'on emploie qui nous font plaisir et la réalité des projets participatifs, où va-t-on ?"
 "Il n'y a pas unanimité sur les principes proposés. Ce qui impose que nous poursuivions le travail sur ce qui fait participation."
 "La nuance est à trouver. Il semble important de travailler sur les liens entre les mots, les principes évidents à nos yeux mais peut-être pas pour les participants".
 "Les mots que l'on emploie sont détournés pour des besoins de communication publique et de manipulation politique."

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